J' ai vecu ainsi seule
en compagnie de ma conscience etrange
incomprise de mes etres chers
entouree de mes amis du monde.
Je portais mon ame
serree dans mon coeur.
Je jouais - sagement
le role de ma vie
sans conviction ni mepris.
Des l' eveil de ma difference
j' ai change d' apparence.
J' ai du quitter cette coquille,
qui m' a choyee, qui m' a vue grandir.
.
Solitaire sur ce chemin sauvage
seme de roses et leurs epines,
j' ai vu des ciels illumines de joies,
j'ai survecu dans un desert aride.
Jusqu' au jour de printemps
ou j' ai reconnu
une ame esseulee
dans mes souvenirs perdus.
Jusqu' au jour
ou j' ai senti
cette ame insolite
effleurer ma peau.
Je l' ai regardee franchement
avec mes yeux bleus,
tout ronds d' etonnement.
Impressionnee
par le mystere de cette presence
je n' osais pas desobeir.
J' ai suivie cette main de chance
sans penser ni reflechir.
Toute lutte est inutile
devant cette evidence.
Absorbee par ces rayons
mon coeur brille
mon esprit jubile.
Je reveille mon espoir
qui dort dans le secret.
Entre passion et douceur
la raison est ecartee.
La vie est plus forte,
elle fait ce qui lui plait.
Illustration: Rene MAGRITTE 18.08.2008