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KUSS VON HIMMEL UND ERDE
17/04/2016 12:23
Kuss von Himmel und Erde
Der Ort, wo der Himmel die Erde küsst.
Eine alte Legende erzählt, dass es da zwei Menschen gab, die überaus glücklich miteinander lebten. Sie waren zufrieden, mit dem was sie hatten und miteinander teilten. Ihre Liebe wuchs durch die Jahre ihres Zusammenlebens. Nichts und niemand konnte diese Liebe zerstören.
Eines Tages lasen sie in einem alten Buch, dass es da irgendwo, in weiter Ferne, vielleicht am Ende der Welt, einen Ort gäbe, wo unermessliches Glück herrsche. Ein Ort sollte dies sein, so sagte das alte Buch, an dem der Himmel die Erde küsst. Die beiden beschlossen, diesen Ort zu suchen. Der Weg war lang und voller Entbehrungen. Bald wussten sie nicht mehr, wie lange sie schon unterwegs waren; doch aufgeben wollten sie nicht. Fast am Ende ihrer Kraft, erreichten sie eine Tür, wie sie im Buch beschrieben war.
Hinter dieser Tür sollte es sich befinden: Das große Glück, das Ziel ihres Hoffens und Suchens. Welch eine Spannung war in ihnen – wie wird er aussehen, der Ort, an dem der Himmel die Erde küsst, der Ort, an dem ein solches Glück herrscht. Sie klopften an. Die Tür öffnete sich.
Sie fassten sich an der Hand und traten ein. Da standen sie nun – wieder mitten in ihrer Wohnung. Am Ende dieses langen Weges waren sie wieder bei sich zuhause angekommen. Und sie verstanden: Der Ort, an dem der Himmel die Erde küsst, ist der Ort, an dem die Menschen sich küssen.
Der Ort, an dem der Himmel die Erde berührt, ist der Ort, an dem Menschen sich berühren. Der Ort, an dem der Himmel sich öffnet, ist der Ort, an dem Menschen sich füreinander öffnen. Der Ort des großen Glücks ist der Ort, an dem Menschen sich glücklich machen.
Nach einer Legende Photo: Michel Saloff Coste Varengeville
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L'ART D'AIMER
10/11/2013 08:39
L'Art d'Aimer au Moyen Age: Le Roman de la Rose.
Que raconte le Roman de la rose ? Issu de la tradition littéraire de l’art d’aimer d’Ovide, ce poème de 22 000 vers raconte, sous la forme d’un songe, une conquête amoureuse. Sa rédaction a commencé au xiiie siècle avec Guillaume de Lorris et s’est poursuivie une quarantaine d’années plus tard avec Jean de Meung. Aussi, le texte est scindé en deux parties bien distinctes. La première partie relève de l’amour courtois : un jeune homme part à la conquête d’une rose qui se tient cachée dans le jardin des plaisirs. L’amant est touché d’une flèche par Amour qui lui dicte ses faits et gestes. Il rencontre de nombreux obstacles et est confronté à divers sentiments qui nuisent à sa quête. La fin de la première parie s’achève sur la désolation de l’amant séparé de sa rose. La deuxième partie est radicalement différente. La fin’amor laisse place à une conception à la fois plus érudite et libertine de l’amour. La conquête amoureuse explore différentes pistes philosophiques et libertines. Ainsi, le Nom de l’amour aborde les différents aspects de l’amour et de sa place dans la société. C’est un texte bien plus abordable que l’on s’imagine. Et si vous ne l’avez pas encore lu, je vous y engage car vous serez surpris, une fois imprégné de cette atmosphère médiévale, de retrouver, pour une part, des questionnements contemporains.
Photographie: Michel Saloff Coste 10.11.2013
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L'ALCHIMISTE
23/02/2011 22:59
L'Alchimiste prit en main un livre qu'avait apporté quelqu'un de la caravane. Le volume n'avait pas de couverture, mais il put cependant identifier l'auteur: Oscar Wilde. En feuilletant les pages, il tomba sur l'histoire qui parlait de Narcisse.
L'Alchimiste connaissait la légende de Narcisse, ce beau jeune homme qui allait tous les jours contempler sa propre beauté dans l'eau d'un lac. Il était si fasciné par son image qu'un jour il tomba dans le lac et s'y noya. A l'endroit où il était tombé, naquit une fleur qui fut appelée narcisse.
Mais ce n'était pas de cette manière qu'Oscar Wilde terminait l'histoire. Il disait qu'à la mort de Narcisse les Oréades, divinités des bois, étaient venues au bord de ce lac d'eau douce et l'avaient trouvé transformé e urne de larmes amères.
"Pourquoi pleures-tu ? demandèrent les Oréades.
- Je pleure pour Narcisse, répondit le lac. - Voilà qui nous étonne guère, dirent-elles alors. Nous avions beau être toutes constamment à sa poursuite dans les bois, tu étais le seul à pouvoir contempler de près sa beauté. - Narcisse était donc beau ? demanda le lac. - Qui mieux que toi, pouvait le savoir ? répliquèrent les Oréades, surprises. C'était bien sur tes rives, tout de même, qu'il se penchait chaque jour.
Le lac resta un moment sans rien dire. Puis: "Je pleure pour Narcisse, mais je ne m'étais jamais aperçu que Narcisse était beau. Je pleure pour Narcisse parce que, chaque fois qu'il se penchait sur mes rives, je pouvais voir, au fond de ses jeux, le reflet de ma propre beauté.
"Voila une belle histoire", dit l'Alchimiste.
Texte: Paulo Coelho Illustration: Michel Saloff Coste 23.02.2001
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LES LUTINS
15/05/2010 09:01
C'était un cordonnier qui était devenu si pauvre, sans qu’il y eût de sa faute, qu’à la fin, il ne lui reste à plus de cuir que pour une seule et unique paire de chaussures. Le soir, donc, il le découpa, comptant se remettre au travail le lendemain matin et finir cette paire de chaussures ; et quand son cuir fût taillé, il alla se coucher, l'âme en paix et la conscience en repos ; il se recommanda au bon Dieu et s'endormit. Au lieu du cuir le lendemain matin, après avoir fait sa prière, il voulait se remettre au travail quand il vit, sur son établi, les souliers tout faits et complètement finis. Il en fut tellement étonné qu'il ne savait plus que dire. Il prit les chaussures en main et les examina de près : le travail était impeccable et si finement fait qu'on eût dit un chef-d’œuvre : pas le moindre point qui ne fut parfait. Un acheteur arriva peu après, trouva les souliers fort à son goût et les paya plus cher que le prix habituel. Avec l'argent, le cordonnier put acheter assez de cuir pour faire deux paires de chaussures, qu'il tailla le soir même, pensant les achever le lendemain en s’y mettant de bonne heure. Mais le matin, quand il arriva au travail, les deux paires de souliers étaient faites, posées sur son établi, sans qu'il se fût donné la moindre peine ; au surplus, les acheteurs ne lui manquèrent point non plus : et c’étaient de vrais connaisseurs, car il lui laissèrent assez d'argent pour qu'il pût acheter de quoi faire quatre paires de chaussures. Et ces quatre paires-là aussi, il les trouva finies le matin quand il venait, plein de courage, pour se mettre au travail. Et comme par la suite, il en alla toujours de même et que ce qu’il avait coupé le soir se trouvait fait le lendemain matin, le cordonnier se trouva non seulement tiré de la misère, mais bientôt dans une confortable aisance qui touchait presque à la richesse. Peu de temps avant la Noël, un soir, après avoir taillé et découpé son cuir, le cordonnier dit à sa femme au moment d'aller au lit : « Dis donc, si nous restions éveillés cette nuit pour voir qui nous apporte ainsi son assistance généreuse ? » L’ épouse en fut heureuse et alluma une chandelle neuve, puis ils allèrent se cacher, tous les deux, derrière les vêtements de la penderie et où ils restèrent à guetter. À minuit, arrivèrent deux mignons petits nains tout nus qui s'installèrent à l'établi et qui, tirant à eux les coupes de cuir, se mirent de leur agiles petits doigts à monter et piquer, coudre et clouer les chaussures avec des gestes d'une prestesse et d'une perfection telles qu'on n’arrivait pas à les suivre, ni même à comprendre comment c'était possible. Ils ne s'arrêtèrent pas dans leur travail avant d'avoir tout achevé et aligné les chaussures sur l'établi ; puis ils disparurent tout aussi prestement. Le lendemain matin, l'épouse dit au cordonnier : - Ces petits hommes nous ont apporté la richesse, nous devrions leur montrer notre reconnaissance : ils sont tout nus et il doivent avoir froid à courir ainsi. Sais-tu quoi ? Je vais leur coudre de petits caleçons et de petites chemises, de petites culottes et de petites vestes et je tricoterai pour eux de petites chaussettes ; toi, tu leur feras à chacun une petite paire de souliers pour aller avec. - Cela, dit le mari, je le ferai avec plaisir ! Et le soir, quand ils eurent tout fini, ils déposèrent leurs cadeaux sur l’établi, à la place du cuir découpé qui s'y entassait d'habitude, et ils allèrent se cacher de nouveaux pour voir comment ils recevraient leur présent. À minuit, les lutins arrivèrent en sautillant pour se mettre au travail ; quand ils trouvèrent sur l'établi, au lieu du cuir, les petits vêtements préparés pour eux, ils marquèrent de l'étonnement d'abord, puis une grande joie à voir les jolies petites choses, dont ils ne tardèrent pas à s'habiller des pieds à la tête en un clin d’œil, pour se mettre aussitôt à chanter :
Maintenant nous voilà comme de vrais dandys ! Pourquoi jouer encor les cordonniers ici ?
Joyeux et bondissants, ils se mirent à danser dans l'atelier, à gambader comme de petits fous, sautant par-dessus chaises et bancs, pour gagner finalement la porte et s'en aller, toujours dansant. Depuis lors, on ne les a plus revus ; mais pour le cordonnier tout alla bien jusqu'à son dernier jour, et tout lui réussit dans ses activités comme dans ses entreprises.
Conte des Frères GRIMM
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LE BEAU PRINCE
10/09/2009 12:02
LE BEAU PRINCE Un conte
IL ETAIT UNE FOIS
Un beau Prince. Il était très beau. Il était très Prince.
Le jour de la distribution des enveloppes pour passer sa vie sur terre, Le Prince était victime d’une erreur. Au lieu de recevoir l’enveloppe qui était prévue pour son cas, un beau costume de prince cousu au fil d’or, il était mis dans la peau d’un crapaud. Certainement un des crapauds le plus beau, qu’on puisse s’imaginer, mais quand même qu’un crapaud !
On n’a jamais pu savoir, qui a reçu son beau costume de prince à sa place.
Au début, il ne se rendra pas trop compte, parce qu’il était toujours gai et aimait parler aux gens. Il s’intéressa à l’astrologie, à l’exploration du futur, à la recherche des sens et ne trouva pas une seule minute pour s’ennuyer.
Il disait toujours : « je suis beau, je suis célèbre, je suis riche, et suis si intéressant ! »
Il aimait se dorer au soleil, parce qu’il pensait que le soleil était tout content de voir un si beau corps. Mais le soleil ne lui fut jamais un compliment. Des fois, il se mettait tout nu pour être mieux vu, mais toujours rien.
Les gens s’arrêtèrent, restèrent un moment et puis passèrent leur chemin vers d’autres Princes plus beaux.
En fait, il devra se rendre à l’évidence qu’il n’était qu’un vilain petit crapaud. Malgré le fait que ses yeux brillaient comme des diamants et sa peau luisait au soleil comme une toison d’or. Résigné, il remuait sans cesse sa bouche si vaniteuse et si malheureuse.
« Pourquoi les autres ne me voient pas comme je suis ? Suis-je pas le plus beau, le plus intelligent, le plus riche, le plus exceptionnel des Princes ? » Demanda-t-il un jour à une souris de champ.
« Mon pauvre petit crapaud » lui répond-t-elle, « tu ne vois pas que tu fais pitié avec tes grands yeux globuleux et ton étang à l’eau opaque comme royaume ? Qui voudrait y habiter avec toi ? »
Le crapaud ne se laissa pas impressionner par ce mauvais jugement et essaya d’expliquer à la souris, que son étang était rempli de bonheur et cachait un trésor immense, jamais vu sur terre.
La souris, très étonnée, dresse ses petites oreilles toutes roses et demande au crapaud :
« Oui, c’est bien possible, mais comment tu vas t’y prendre pour te faire connaître et trouver quelqu'un qui méritera ton amour et ton trésor ? »
« Je ne sais pas, ma petite souris, je ne sais pas ! Si toi, tu voudrais déjà devenir mon amie, j’en serais très content. »
« Je suis ton amie mon beau crapaud », dit alors la souris et retourne dans sa maison au pied d’un arbre magnifique, aux milles feuilles chatoyantes d’érable.
Le crapaud restait ainsi longtemps seul au bord de son étang et chaque fois qu’un promeneur passa, il essayait de le convaincre de ses qualités. Mais jamais quelqu'un ne l’avait vraiment compris.
Jusqu’à un des ces printemps magnifiques, que Dieu seul sait faire, où une fleur se mit à pousser au bord de son étang.
Elle avait juste une belle et grande feuille verte satinée et une longe tige solide, qui portait bientôt sa tête de fleur, remplie de feuilles délicates et si jolies.
Un jour le crapaud prit son courage à deux mains et adressa la parole à la fleur, qui le regardait d’un air fier du haut de sa tige.
« Comme tu es belle ma jolie fleur, quelle joie de pouvoir t’admirer tous les jours !» lança le crapaud. Une petite flatterie ne peut pas faire de mal, pensa-t-il, surtout que c’était bien vrai.
« Bonjour crapaud ! Mais toi aussi tu es très beau, je n’ai jamais vu un crapaud aussi beau !»
Le crapaud était très surpris de sa réponse. Jamais on lui avait dit une telle chose avant. Il la regarda d’en bas avec des jeux emerveillés et on voyait déjà briller un brin d’amour dans son regard.
« Je suis content que tu me vois si beau, ma jolie fleur, parce que je suis beau en effet, intelligent, riche, célèbre et sensuel. Mais personne ne peut me voir. Alors je fais semblant d’être un vilain petit crapaud, qui ne sert à rien » expliqua le crapaud à la fleur accompagné d’un grand soupir.
La fleur est prise de compassion, mais ne le regarde pas, pour ne pas renter dans trop de familiarités dès le premier jour.
« Ne t’en fais pas, même si tu n ‘es qu’un crapaud ordinaire, je te trouve très beau » lui dit la fleur en étirant son joli corps pour lui montrer, qu’elle est fatiguée et qu’elle voudrait se retirer.
« A demain crapaud ! » "A demain ma belle fleur !" « Demain je te raconterai une belle histoire ! » répond le crapaud et disparaît dans ses roseaux pour s’abriter de la nuit.
Depuis ce jour, le crapaud était tout remonté. Il rangeait bien son royaume et tous les jours à l’aube, il écrivit en secret un poème, dédié à la fleur.
Il laissait passer quelque temps pour ne pas indisposer la fleur, mais un jour il lui adressa de nouveau la parole avec une voix de velours, pour mieux la séduire:
« Tu sais, ma jolie fleur, j’ai fait un rêve si beau, que je voudrais te le raconter ».
« Ah, c’est merveilleux crapaud, j’aime bien les rêves, vas-y, commence ! »
Le crapaud s’assied sur sa pierre favorite et prend un air sérieux, avant de commencer.
« Je me suis vu dans un paysage magnifique. D’un côté, il y avait une très belle montagne aride, de l’autre, une grande plaine désertique avec un horizon à l’infinie.
Il n’existait ni la notion du temps, ni la notion de l’espace.
Le plus souvent je me trouvais dans une grotte à mi hauteur de la montagne, d’où j’avais une vue splendide. J’avais toujours le temps pour tout faire. Je n’avais pas de besoins matériels, je n‘avais pas soif, je n’avais pas faim, j’avais mal nul part. J’étais complètement libre et tout le temps était que pour moi. Dans la journée, je regardais de longues heures la pleine et je m’imaginait la vie de tous ces grains de sable et le long chemin, qu’ils ont du traverser pour arriver jusqu’à là.
Un autre jour, j' étudiais les nuages. Comme le vent joue aux boules de coton. Comme ils changent vite! Où vont-ils quand ils auront quittés ma vue ? Ailleurs ? Quelqu’un d’autre les admirera et les trouvera aussi beaux que moi? Surement !
La nuit, je comptais les étoiles. Mais c’était très difficile, parce que certaines bougeaient sans cesse et d’autres n’arrêtaient pas de s’allumer et de s’éteindre. Une nuit de pleine lune, en scrutant le firmament, j’avais remarqué une étoile, très brillante et très belle. Elle était comparable à une jonquille, sertie de diamants et son rayonnement perçait le noir de la nuit comme un éclair. Elle était très différente des autres. Elle était tout simplement sublime ! D’abord je pensais que c’était une de ces étoiles qu’on ne voit qu’un bref instant tous les mille ans. Mais non, la nuit prochaine, elle était là de nouveau et avec mon imagination exubérante je me plaisait à penser, qu’elle brillait que pour moi. La troisième nuit, j’osais enfin lui parler et je lui disais :
« Toi, ma belle étoile, comme tu vois plus loin que moi, dis moi, si le paradis existe!»
C’était une question difficile, mais l’étoile me répondait aussitôt et sans hésiter :
« Le paradis est un pays, où règne l’amour et qui ressemble à ton rêve. Continue à suivre ton chemin et un jour tu y arriveras. Je veillerai sur toi et je te protègerai. »
C’était féérique! Jamais je me suis senti aussi léger, aussi serein et aussi confident. J’étais heureux, comblé et sans désir. »
La fleur l’écouta attentivement et après un moment, avec une voix toute douce, elle dit au crapaud :
« C’est un très beau rêve. Je connais ce pays, il existe. Tu sais, j’y vivais une fois, il y a fort longtemps. C’était merveilleux et j’étais si heureuse, que je ne voulais plus revenir sur terre. D’ailleurs, si je n ‘avait pas trouvé ce bel emplacement, je ne serais plus du tout revenue » ajouta-t-elle fermement.
« Ah bon, c’est vrai ? Le paradis existe alors ?
Penses-tu, que je pourrais y aller aussi, un jour ? » se renseigne le crapaud très intéressé.
« Rien ne peux arriver, si on l’a pas d’abord rêvé !
Si on veut quelque chose, on peut l’obtenir !» s’exclama la fleur avec une telle assurance, qui ne permettait aucun doute.
Le crapaud la regarda la bouche bée, ses grands yeux globuleux en orbite, et était tétanisé par l’impacte de cette nouvelle.
« Tu penses, que c’est si simple que ça ? » s’exclame-t-il d’une voix exaltée.
« Je n’ai pas dit que ça soit simple! Mais j’ai dit que c’est possible. Il faut s’entrainer ! »
A cet instant, la belle feuille verte de la fleur toucha pour la première fois le dos du crapaud et ça faisait un bien fou au crapaud. Cette nuit il dormait à merveille et se demanda, si il pouvait appeler à l’aide son étoile pour réaliser son rêve.
Le crapaud continuait sa vie, en pensant à sa belle fleur tous les jours.
Mais souvent, grisé par les flatteries sans lendemain des personnes, qui passèrent par là, pour lui extraire ses secrets et ses sagesses, qu’il trouva tout seul au fond de lui-même, il resta prisonnier de sa vanité. Il continua à vivre dans son monde de crapaud et n’arrêtait pas de proclamer : je suis beau, je suis intelligent, je suis riche, je suis célèbre !
Il y eut des moments, où la fleur avait un peu marre de lui. Elle était bien gentille et patiente, mais elle ne voyait pas de changements dans l’attitude du crapaud et quelque fois elle ne s’intéressa plus à lui. Heureusement il ne fut jamais bien loin, ce qui leur permit de ne pas se perdre de vue.
Un soir elle lui dit :
« Crapaud, écoute-moi ! Le vent m’a soufflé qu’il y aura un grand orage cette nuit. Si tu veux, tu peux t’abriter sous ma belle feuille et comme ça on pourrait avoir peur ensemble.»
La fleur n’aime pas du tout les orages et elle n’a jamais pu trouver quelqu’un pour partager sa peur. Elle espère que ça marchera avec le crapaud.
Le crapaud, tout fier, qu’on fait appel à se qualités de protecteur, rassure la fleur par sa présence cette nuit là.
Et véritablement, ce fut un magnifique orage avec des éclaires comme des coraux de lumière dans le ciel. Bien sur, les tonnerres furent très forts, mais le crapaud savait tellement bien décrire et expliquer à la fleur la beauté et le sens de ce spectacle, que la fleur n’avait plus du tout peur et commençait à aimer les orages à son tour.
Le lendemain elle fut si resplendissante, encore plus belle que d’habitude, que les papillons n’osaient plus se poser sur ses pétales, pensant qu’elles n’étaient pas des pétales véritables.
Le matin, elle étire son joli corps vers la lumière et bouge gracieusement sa feuille pour la faire sécher. Elle prend quelques gouttes de la rosée du matin pour laver une par une toutes les pétales de sa tête en chantant une mélodie douce et inconnue. Elle bouge ses racines dans l’humus du bord de l’étang pour se nourrir. Un vers de terre, qui passe de temps en temps, la touche sans lui faire du mal, parce qu’il sait qu’elle est une fleur exceptionnelle.
« Comme tu es belle aujourd’hui, ma jolie fleur ! Je vais construire une serre en cristal autour de ton corps pour te protéger de l’hiver.» Propose le crapaud à la fleur.
« Ah, merci crapaud, il ne faut pas que je prenne froid en effet, parce que, si je dois éternuer je pourrais me casser ma belle tige ! » réponde-t-elle avec sa voix irrésistible.
« Tu sais, même un coup de vent glacé pourrait te geler les racines et qui sait, si tu survivra ? » remarque le crapaud avec un air inquiet.
« Oui, tu as raison, je suis d’accord, tu peux me construire une serre et puis ça ne t’empêchera pas de m’admirer de l’extérieur ! » trouve la fleur comme argument supplémentaire pour justifier une telle entreprise.
« En échange, je te caresserai tous les jours le dos. Je sais que tu aimes ça et que ça te fait beaucoup de bien. » Propose la fleur d’elle même, parce qu’elle est très intelligente et elle sait qu’il faut donner quelque chose en échange.
« Ah, c’est vraiment très gentil à toi, je suis ravi et j’accepte volontiers ce marché. » lance le crapaud à la fleur avec son grand sourire de séducteur.
A fur et à mesure des travaux, à fur et mesure des caresses, le crapaud devenait de plus en plus beau. Il se sentait de plus en plus en forme et heureux et il commencait à établir un inventaire précis de son trésor. De toutes ses richesses, de tous ses talents, de tous ses génies, de toute sa sagesse.
Il commençait à les aimer et à bien les utiliser pour avoir les moyens matériels de protéger et de s’occuper de la fleur, en cas de nécessité. Il pensait aussi à construire un vrai château de Prince, en pierres bien solides, rempli de magie. Toute personne qui voudrait se servir de son génie où qui voudrait une part de sa sagesse, devrait lui apporter une pierre désormais !
La fleur observait tous ces allées et venus sans dire un mot, mais au fond d’elle même elle était ravie et elle devenait aussi de plus en plus belle, de plus en plus heureuse et de plus en plus épanouie.
Elle se laissa pousser une deuxième tige avec une grappe de fleurs de toutes les couleurs, une plus éclatante que l’autre. Des têtes rondes, serrées pour former qu’une seule boule bariolée. On n’a jamais vu ça ! Des rouges, des oranges, des jaunes, des roses pales ! Tous les animaux de la forêt venaient la voir pour l’admirer. Un grand renard au pelage lustré lui faisait la cour inlassablement. Même un loup blanc, venait tous les soirs exprès, lui chanter une sérénade.
Mais elle aima le crapaud et le crapaud n’aima qu’elle.
Le crapaud fut un peu jaloux, mais il ne disait jamais rien. Il veilla sur elle à tous les instants, comme si elle était plus précieuse que l’air qu’il respire. Un jour, de longues jambes pousseront au crapaud et il se mit à ressembler à un véritable Prince.
Brusquement, il se sentit plus libre et plus léger. Il put se mettre debout et vit le monde avec un nouvel horizon. Un jour, il se pencha au dessus de son étang, et, en se contemplant dans l’eau, il découvrit son reflet. Il vit pour la première fois son nouveau visage. Il fut devenu enfin le beau Prince qu’il avait toujours été.
Heureux, il court annoncer cette grande nouvelle à la fleur.
« Regarde-moi ma belle fleur, je suis devenu le vrai Prince que j’ai toujours été ! »
« Je sais, mon Prince, je l’ai remarqué depuis longtemps. Il y a longtemps que je t’ai vu, il y a longtemps que je t’aime! Serre moi fort contre toi. » Susurre la fleur à l’oreille du Prince.
Enlacés, ils s’envolent dans leur bulle d’amour vers le paradis !»
De mémoire de jardinier on n’a jamais vu une fleur aussi belle et aussi heureuse.
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